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Oh my B.O.D !!!


Un seigneur du rugby quitte ses terres d’ovalie. Brian O’Driscoll cèlera son immense carrière internationale, samedi, face à la France. Avec 141 sélections, le joueur le plus capé de l’histoire emportera avec lui l’une des plus belles histoires du rugby.    

 
« ooooh cela va être un essai facile pour Brian O’driscoll…O’Driscoll, son premier essai pour l’Irlande…et ce joueur a sans aucun doute un avenir fantastique ». L’essai (voir ci-après) aurait pu paraître anecdotique et l’envolée du commentateur d’Eurosport exagérée en ce 2 Octobre 1999. D’autant que ce match de Coupe du Monde entre l’Irlande et les Etats-Unis se terminait sur le score sans appel de 53 à 8 en faveur des hommes en vert. Sur la pelouse de Lansdowne Road, à Dublin, l’homme du jour était alors Keith Wood : l’emblématique chauve,  talonneur et capitaine, venait de marquer quatre essais devant 30 000 spectateurs et quinze américains impuissants. Inouï pour un numéro 2. De quoi occulter la véritable histoire : l’éclosion tranquille et discrète d’un des plus grands joueurs du rugby irlandais et mondial.

15 ans après, Brian (Gerald) O’Driscoll s’en va déjà. Avec dans ses valises des statistiques folles : 132 matches (celui à venir ce samedi sera le 133ème) 46 essais (record pour sa sélection) et 5 drops (245 points) avec l’Irlande, dont 11 Tournois des Six Nations joués (depuis 2000,soit 64 matchs et 26 essais, les records dans chaque catégories), mais aussi 4 Coupes du Monde (1999, 2003, 2007, 2011), 4 Triples Couronnes (victoires face aux nations britanniques lors du même tournoi ; en 2004, 2006, 2007, et 2009) et un Grand Chelem (en 2009) remportés.
Ajoutez à cela 8 sélections (et 1 essai) pour l’équipe des Lions britanniques et irlandais et le compte est bon.


l’ovation faite à BOD par le public irlandais, le week-end dernier.

Eternel. A 35 ans, le centre reste une référence, bien qu’il s’économise et gère intelligemment le nombre de ses apparitions depuis quelques années. Ses adversaires redoutent encore sa chevelure rousse, son physique, ses appuis déroutants, sa vitesse, sa puissance. O’Driscoll a toujours été un poison permanent pour les défenses grâce à son sens du timing et sa capacité à résister aux plaquages, notamment lancé. Un parfait alliage entre force et finesse. Un parfum de rugby rétro et de modernité. Un pont entre deux mondes, amateur et professionnel. Un pays et des valeurs inaltérables. Voilà ce que représente surtout Brian O’Driscoll à l’orée de sa carrière.
L’homme est droit. Et le joueur est beau. A tel point qu’il a converti un pays et que, depuis de nombreuses années, ses supporters arborent des tee-shirts où apparaît le slogan : In BOD We Trust !!! Ainsi BOD serait un dieu. La légende du ¾ centre confirmera peut-être cette dimension céleste et un rayonnement qui dépassait les frontières et le ciel d’Irlande. Son chemin, lui, évoque un attachement sans faille à ses racines, son pays, sa culture.
Né à Clontarf, dans le nord de Dublin, le 21 janvier 1979, le jeune Brian, comme tout petit irlandais qui se respecte, commence son aventure sportive en pratiquant le football gaélique. Mais le rugby à XV l’attire lorsqu’il va à l’école primaire, fréquentant la Belgrove Junior Boys et Senior Schools. Plus tard,  il s’exprimera  dans l’équipe senior du Blackrock College. S’en suivront plusieurs sélections dans l’équipe irlandaise universitaire et chez les moins de 19 ans. Comme souvent lorsque le corps est bien pourvu, la tête n’est pas plus mal lotie. Brian poursuit ses études à l’University College Dublin. Il y décroche un diplôme en management du sport et parallèlement s’impose dans la meilleure équipe de l’université. Peu après, BOD fait ses débuts professionnels sous les couleurs bleues de la province du Leinster. Nous sommes en 1999 et le jeune centre va connaitre sa 1ère sélection avec les grands d’Irlande le 12 juin, en Australie.


son premier essai international

A True Story. Et son destin s’écrire. En 2001, la toute nouvelle Ligue Celte (la compétition réunit alors les meilleurs squads écossais, gallois et irlandais ; les italiens ont rejoint la compétition en 2010) s’offre à lui, face au Munster, l’autre grande province irlandaise, à Lansdowne Road (il remportera également l’édition 2008). L’année 2003 verra O’Driscoll et les Leinstermen se faire battre en demi-finale de HCup face à Perpignan. Mais ce n’est que partie remise tant le joueur apprend vite et ses partenaires aussi : le Leinster glanera trois Coupe d’Europe en 2009, 2011 et 2012.
En mai 2010, l’ERC (European Rugby Cup) désigne la meilleure équipe-type des 15 dernières années et, sans surprise, O’Driscoll est élu au centre. Mais le joueur reste humble malgré les sollicitations.
Approché plusieurs fois par les riches clubs français ces dernières années, O’Driscoll ne cède pas aux sirènes du confort et des contrats juteux : la « Blue Army » est sa famille. Il y est né, il y mourra. Sportivement en tous cas.

Sur le plan international, la fin du 20ème siècle et l’émergence de O’Driscoll auront accompagné le renouveau Irlandais. De l’aveu du géant du Munster, le 2ème ligne Paul O’Connell : « il a changé le rugby » en son pays. L’équipe au trèfle, empruntée et au plus bas depuis le milieu des années 1980 (6 fois dernières du tournoi depuis 1986), se réinvente peu à peu et bouscule les ténors européens et mondiaux à son arrivée. Après le Fighting spirit, voici l’Irish Flair.
En 2000, pour sa première visite au Stade de France, le rouquin de 21 ans rend la France malade : 3 essais et la verte Erin repart avec la victoire (27-25), la seule depuis 41 ans.


quelques-uns des plus beaux moments de sa carrière.

Capt’ain O’Driscoll. En 2004, le retrait de Keith Wood lui permet d’hériter du capitanat (84 fois jusqu’en 2013). Il mène l’Irlande sur la deuxième marche du classement du Tournoi des Six Nations et remporte la 1ère Triple Couronne de son pays depuis 19 ans.
L’aboutissement prendra la forme du Grand Chelem 2009 après 60 ans d’attente.
Evidemment, l’immense parcours international de « Drico » ne peut être dissocié de son plus « vieux » compagnon, Gordon D’arcy, avec lequel il partage le record d’association (54) pour une paire de centres. D’abord son remplaçant, ce dernier s’avère son complément idéal sur un terrain et sera finalement son ami. Evidemment Mr BOD est arrivé en même temps qu’une génération dorée : Simon Easterby, Shane Horgan, Ronan O’Gara, John Hayes ou encore Peter Stringer. Mais celui-ci résume assez bien l’impact qu’avait le futur retraité des terrains : « Quand vous mettez un gars comme Brian en avant, un gars capable de finaliser les actions et de marquer des points, tout s’enchaîne. Un gars de sa stature sur un terrain, avec ce contrôle des éléments, quand il parle, les gens écoutent, c’est la marque d’un vrai leader quand vous le croisez ».

Les français sont prévenus. L’histoire internationale de Brian O’Driscoll n’est pas encore tout à fait fini. Il reste encore 80 minutes ou un peu moins à écrire. Et, quatorze ans après sa première visite, Brian O’Driscoll n’hésitera pas à la boucler par une dernière victoire ou un dernier essai.  Et l’on pourrait alors lire sur les lèvres de spectateurs admiratifs : « Oh my BOD ! »- S.L

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