Son départ de Chelsea pour l’empire du milieu avait fait grand bruit. Et si Nicolas Anelka a enfin joué et marqué son premier but sous ses nouvelles couleurs de Shanghai Shenhua, l’attaquant français n’a fait qu’emprunter la voie ouverte par un inconnu. Enquête.
« Sportivement, j’ai manqué la première journée de championnat à cause d’une petite gène au niveau du genou. Mais tout est rentré dans l’ordre et j’ai hâte de démarrer. ». Deux jours après avoir fêté ses 33 ans, entouré de ses frères et de son agent dans une place luxueuse de la métropole chinoise, Nicolas Anelka, l’homme au 234 000 euros par semaine (son salaire à Shangai), rassurait ses fans via son site officiel. Sous les ordres de Jean Tigana, le français a enfin fait ses grands débuts dans le championnat chinois vendredi dernier. L’ancien international a même permis au Shenhua d’égaliser à 2-2. Mais l’équipe de Beijing Guoan, vice-championne de Chine l’an passé, finira par l’emporter 3-2. Après deux journées les bleus et blancs pointent à la 13ème place. A deux longueurs du Guangzhou Evergrande FC, 10ème et champion en titre. Le Guangzhou Evergrande FC, ce club qui, en juin 2011, a réveillé la Superleague chinoise en recrutant à prix d’or un footballeur… presque lambda.
Fiche d’identité. Dario Leonardo Conca est argentin. Le natif de General Pacheco, dans l’état de Paraná, est celui qui a ouvert la voie vers le nouveau paradis asiatique des footballeurs. Car si vous ne le saviez pas, il joue au football. Comme Lionel Messi, le meilleur joueur du monde et peut-être de tous les temps. Comme beaucoup d’enfants de la nation albiceleste. Mais Dario Conca est d’abord au moment de sa signature un inconnu pour le grand public. Alors, lorsqu’il s’engage 3 ans avec le club basé à Canton pour un salaire annuel record de…10,6 millions d’euros, – l’un des 6 ou 7 plus gros salaires pour un joueur de football actuel-, le sportif argentin défraie la chronique. Car même les Emirats, le Qatar, ou la Russie, habitués aux dépenses somptuaires, n’ont jamais cassé leurs tirelires pour enrôler un tel anonyme. Et Dario Conca ne compte même pas une sélection avec l’équipe nationale argentine.
Crampons dorés. Tout de même, en 2010, le milieu offensif de 28 ans sort d’une saison totalement accomplie avec le prestigieux Fluminense F.C. quand il est élu « bola de ouro », meilleur joueur du championnat brésilien. Ses statistiques, correctes mais pas renversantes, viennent épaissir le personnage qui compte 40 buts en 180 matchs.
Cependant, dans le parcours classique d’un footballeur, ce genre de distinction de « meilleur joueur » apporte normalement 3 gratifications : la notoriété, l’espoir d’un avenir en équipe nationale et généralement une signature dans l’un des plus clubs grands européens.
Pourtant à l’été 2011, c’est bien pour la Chine, et le Guangzhou Evergrande, ce nouveau Chelsea asiatique, que Dario Conca s’envole, empruntant ainsi une trajectoire nouvelle.
Une trajectoire, suivie il y a peu par Nicolas Anelka qui s’engageait avec le club de Shangai Shenhua pour un salaire annuel de 12 millions d’euros.
Contagion. La Superleague vient ainsi de débuter une nouvelle saison et une nouvelle ère. On compte désormais 33 brésiliens dans les effectifs des 16 équipes de l’élite. Et de nombreux étrangers. Peter Utaka, nigérian et frère de John, actuellement en plein boom à Montpellier, évolue au sein de Dalian Aerbin. Didier Drogba est évoqué pour rejoindre Nicolas Anelka dès la fin de la Premier League 2011-2012.
Dario Conca, lui, a réalisé un doublé lors de la 1ère journée et son club veut tout faire pour conserver son statut : Le 3 mars dernier, la Gazzetta dello Sport révélait que l’ancien sélectionneur de l’Italie Marcello Lippi (un temps pressenti à Naples et à la Lazio) serait sur le point de s’engager en faveur de Guangzhou Evergrande. Si l’affaire se concluait, le technicien italien de 63 ans pourrait s’asseoir sur un banc de touche qui vaudrait environ 10 millions d’euros par an !
On se demande qui sera le suivant ? Jusqu’où l’empire du milieu ira pour renforcer son football ? Nul ne le sait. Mais ces trajectoires confirment bien, qu’aujourd’hui, si le ballon rond aime toujours les performances et les buts spectaculaires, l’univers du football, lui, aime de plus en plus l’argent. Et ce, quelles que soit les identités et les lieux. –S.L
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