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L' Actu rebondit sur PQDS, Plus Que...du Rugby

100 % Rouge & Noir


Une finale Toulon-Toulouse, un classique du championnat dans les eighties. L’affiche a fait couler beaucoup d’encre cette semaine. De larmes côtés castrais et clermontois. Les 2 élus portent les mêmes couleurs mais ont aussi d’autres similitudes. Coup d’envoi !

186 matches et 4732 minutes que l’on attend le verdict de cette saison 2011-2012. On a même dû avaler deux ½ sans essai. Heureusement que l’on aime et que l’on ne compte pas : alors on reste patiemment assis dans son canapé ou accoudé au comptoir et on observe le bras de fer. Une chandelle par ci, un retour intérieur par là, un petit tas plus loin, un nouveau coup de pied, un en-avant. A toi à moi, à qui l’erreur ? Ce stress qui monte. Et ces mêlées de plus en plus obscures…

les toulousains feront-ils le doublé ?

Mais les finalistes sont là, enfin. Et la passion avec eux. Le dernier round peut commencer. Dans le coin Rouge (couleur du maillot pour la finale), l’Ogre Toulousain, tenant du titre, 18 fois champion hexagonal, 4 fois roi d’Europe, auteur d’une série en cours de 19 demi-finales successives, fournisseur officiel du XV de France. Dans le coin blanc (couleur en finale), Le United Colors of RCT et sa pléiade de stars internationales, 3 tires au compteur, 2 fois finaliste du challenge européen, tombeur du « Massif Central Clermontois » pourtant favori des pronostics, absent à ce niveau depuis 20 ans. La cloche est sonnée pour un match et 80 minutes… rouges et noires.

Deux monstres sacrés. « En tronche » de ces machines à trente pattes, deux fortes têtes justement : Bernie le Dingue, ses coups de gueules mémorables, sa faconde guignolisée, et Guy le Croquant, frondeur dans l’âme, boudeur-penseur invétéré. Deux Passionnés. Deux amoureux que l’on aime. L’ex ministre -affairiste face à l’ancien prof d’EPS? Peut-être.Deux génies tacticiens. Assurément. Deux hommes qui connaissent les hommes. Deux styles que l’on pourrait caricaturer comme « défense hermétique et occupation » contre mouvement perpétuel mais que l’on ne caricaturera pas. Deux jeux dans lesquels le combat est au cœur du système. Laporte et Novès, deux Messieurs sans lesquels le rugby français ne serait pas ce qu’il est. Le premier a fait déjouer le second lorsqu’il était patron du Stade Français, cassant la suprématie toulousaine des années 90. Il a surtout effacé d’un coup d’un seul des années Saint-André plutôt balbutiantes, -même si le nouveau sélectionneur a installé le RCT dans l’élite et repensé les structures sportives -, et fait de Toulon une équipe capable de belles réussites. Car quoi qu’il advienne demain, 2 finales auront été atteintes cette année dans le Var. Chapeau bas ! Le second a démenti le 1er en refusant l’équipe de France. Il a surtout donné corps à la doctrine pensée par Robert Bru et initiée par Villepreux et Skrela et fait de ce Stade Toulousain, le seul champion français que l’on ne déteste pas après tant d’années de triomphes. Tapis Rouge !

la une de midi olympique en 1989

Deux destins. Toulon revient longtemps après son dernier succès sur Biarritz. C’était au Parc Des Princes. Désormais on joue en Terre de dieux, au Stade de France. Toulon voudra y fêter la fin de deux décades moribondes (7 saisons passées en division inférieure, 2 titres de champions de ProD2 en 2005 et 2008) et voler la mariée aux toulousains. Un peu plus d’un siècle après avoir épousé leurs parures. Mais si les haut-garonnais sont à l’origine des couleurs toulonnaises, pour avoir offert des jeux de maillots rouge et noir en 1908 lors de la création du RCT, on doute fort les voir faire le moindre cadeau en finale : Cent ans après leur premier titre, eux aussi auront envie de retrouver le bonheur, de donner du relief aux titres honorifiques de champion d’automne et de leader de la phase régulière. Et un doublé à l’ère de ce professionnalisme impitoyable renouerait avec le rêve des années 94, 95, 96, 97. Il y aura de la motivation à tous les étages.

Deux familles. Sur la rade, les mœurs ont changé. Elles ne sont pas moins saines, juste plus ouvertes. Finis les Champ, Gallion, Louvet, Delaigue, Manu Diaz ou autres Herrero. Place aux Van Niekerk, Tillous-Borde, Shaw, Armitage, et Giteau. Oui, ça sent moins la rocaille. Pourtant ces « Toulon globe-trotters » (4 à 6 français sur les feuilles de match ces dernières semaines) sont vraiment séduisants malgré le manque d’envolées lyriques. On peut toujours regretter que ce fabuleux potentiel ne donne pas la récolte attendue. Mais il faut du temps pour construire une équipe et la régler. Et si l’on demandait aux douze autres protagonistes du Top 14 ce qu’ils en pensent, ils diraient que, tout de même, la place sur le pré est enviable. Au-delà de cette mondialisation forcée. La ville Rose, elle, produit certes plus français, – sans compter les 39 joueurs issu du centre de formation et évoluant dans l’élite-, mais pas seulement toulousain. Prenez l’une de ses pièces majeures : Maestri, formé au muguet et désormais brasseur de violettes, qui devra défendre son titre face à sa ville, confronter ses 2m01 et 120 kg au géant sud-africain Botha, de dix ans son ainé et policier en chef des regroupements le week-end dernier. « Mama » partenaire de Mattfield, l’autre Champion du monde du RCT, en son temps,  devra avoir la tête froide, les émotions rangées et le nettoyage efficace. Et ne regardons pas en arrière, quand le moteur toulousain s’appuyait sur « Cali », autre enfant de la rade. Ce samedi, deux des plus beaux effectifs au monde se feront face pour notre plus grand plaisir. Bastareaud face à Fritz, Mac Allister face à Wilkinson. Quel frisson.

Deux cultures. Alors « Pilou-Pilou » contre « On vient, on gagne », « fadas » contre « jeux de mains… », « Félix Mayol » contre « Claude Nougaro » ou Sud-est contre Sud-ouest, exubérance affichée à la conquête de l’impossible contre humilité feutrée pour le dépassement de la performance précédente ? Le choc s’annonce haletant tant les deux équipages semblent motivés à conquérir le bout de bois. On espère surtout un échange épique façon 1985 jusqu’au bout des prolongations et de 8 essais, ou une cavalcade légendaire datée 1989 et signée Charvet, quand ces matchs ultimes ont tous leur propre histoire et leurs héros légendaires. Il n’empêche que l’on salive d’avance à l’idée des déclarations d’un Boudjellal effondré ou sacré. Ce sera aux alentours de 20h. A cet instant, les rugbymen de France seront 100% rouges et noirs. Noirs à l’image des idées du battu. Rouges comme l’orgueil et le cœur du nouveau vainqueur. – S.L

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