PQDS ressort ses archives, c’était il y a 3 mois, presque jour pour jour.
Samedi, face à Castres, son équipe a été bousculé comme jamais. Comme d’habitude, le manager toulousain a su garder la tête froide pour aider son équipe, faire les ajustements salvateurs. Mais au coup de sifflet victorieux, le masque du professionnel Guy Novès s’est fissuré. Un moment rare qui en dit long sur l’homme.
Il est assis, seul, sur le banc de touche. Éreinté par un final haletant. Éreinté et ému. Philippe Guillard, l’homme de terrain de la chaîne crypté qui diffuse le match, vient le solliciter pour quelques commentaires. A chaud. Au-delà des paroles qui s’échappent de ce visage fatigué et soulagé, ses yeux humides trahissent d’autres secrets : de la fierté, de la joie contenue, un attachement immense pour son club Rouge et Noir, et, surtout, un amour sans borne pour son groupe. Ce groupe.
« On a encore une fois démontré que la plus grande des forces du stade toulousain au-delà du talent individuel des joueurs, de la préparation stratégique de la technique individuelle, la plus grande des forces c’est son mental, l’état d’esprit qui règne dans une équipe qui est pour le moment première au championnat et qui n’admet de lâcher prise…je crois que ce que les joueurs ont fait aujourd’hui sur ce terrain est admirable… »
Scène ordinaire d’après-match ? Pas vraiment. Quand l’acteur principal s’appelle Guy Novès, l’entraîneur le plus titré de France avec ses 11 trophées hexagonaux et ses 4 titres européens. Pa s vraiment quand il s’agît de l’entraîneur le plus chevronné et le plus ancien à son poste, présent depuis 1993 à la tête de l’équipe phare du club haut-garonnais. Pas vraiment quand on se dit que le personnage en a vécu d’autres. Pas vraiment quand son équipe, si elle avait perdu serait resté en tête du Top 14. Et pourtant, il est là assis, simplement heureux. Pour eux, pour le club, pour lui.
« Déjoueur » d’échec. Cette semaine, le manager qu’il est, l’homme qui sait parler mieux que quiconque à l’oreille des hommes de rugby, savait que le Stade Toulousain vivait un moment critique de cette saison post Coupe du Monde. Quand on sait magnifier les joueurs, quand on sait révéler les talents, on sait aussi que ces derniers sont inévitablement appelés à défendre la cause nationale et le maillot bleu. Mais, cette saison est particulièrement dure à gérer avec ses 13 doublons. Le technicien et stratège ne compose plus ses équipes en fonction de l’adversaire mais des forces restantes. La grandeur de la tâche devient immense à mesure que ses troupes tombent et subissent l’effort français : 8 toulousains ont foulé la pelouse du SDF, dimanche ; Clerc, le gendre parfait, a vu son épaule céder ; il y a 2 semaines, lorsque Médard se blesse, Poitrenaud est appelé pour le remplacer. Une énigme toujours renouvelée. A chaque solution, son nouveau problème à résoudre. Alors il reste lucide, prévient le public en même temps qu’il motive ses gars : « Les conditions actuelles sont très difficiles. Le CO nous rencontre au moment où nous sommes amoindris. Quand on manage une équipe comme le stade toulousain qui produit autant de résultats depuis le début de saison extrêmement difficiles, quand je vous dis qu’on n’a pas travaillé une seule fois dans la semaine avec l’équipe qui nous semble être celle qui peut peut-être démarrer le match, quand ces mecs sont allé gagné à Paris, à Biarritz… on a essayé de se concentrer sur ce qui a pas marché, mais j’ai trop de respect pour mes mecs et ils donnent tellement au club que je me sens pas le droit dans ces circonstances de les châtier plus qu’ils ne le méritent. »
Toujours (en) alerte. Car la semaine précédente, les toulousains s’étaient effondrés chez leur dauphin clermontois sur le score sans appel de 35-5. Injuste. Pour le perfectionniste qu’il est, pour l’homme d’honneur que l’on connaît. Car en ces temps de professionnalisme, qui d’autres se serait permis de refuser le lustre du poste de sélectionneur national. Qui d’autres aurait fait prévaloir la stabilité de son club au détriment de son intérêt personnel. On comprend mieux l’émotion de l’homme, qui, samedi, en 2ème mi-temps, envoyait sa jeune garde suppléer ses fidèles soldats : Doussain, 21 ans, Nicolas, 24 ans, Galan, 20 ans, Falefa, 22ans, entrèrent entre la 63ème et 79ème. Et le match bascula. Mené depuis la 6ème minute, le groupe rouge et noir remontait un retard de 10 points, et en inscrivait même 17 (pour la deuxième fois de la partie) à un Castres Olympique des grands jours, pour s’imposer 34-27. Dans la douleur et la joie. «Je suis rarement éloquent mais pour revenir et l’emporter comme ça, il faut du caractère. Il y a une volonté générale extraordinaire qui me rend fier de cette équipe. ». On se pose souvent la question de savoir pourquoi le Stade Toulousain est en haut de l’affiche depuis si longtemps. On se demande aussi ce qui fait courir Guy Novès avec autant de passion et de caractère qu’à ses débuts, ce qui lui permet de surmonter les coups durs avec autant de réussite. Malgré les années. La réponse est pourtant simple. Novès est un homme qui aime les hommes de rugby. Novès est un manager qui aime ses joueurs. Sincèrement. S-L
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