Lundi, le plus vieux marathon du monde est aussi devenu le plus sanglant. Deux bombes ont explosé sur l’avenue menant à l’arrivée. Le temps d’une respiration, il n’y avait plus ni sportif, ni spectateur. Seulement des victimes confrontées à l’horreur.
Ça y est, c’est la fin. Le rêve est à portée de main. Ca y est : la « finish line » est en vue sur Boylston Street.
Des mois d’entraînements, 42 kilomètres et 195 mètres à parcourir. 4 heures 9 minutes et 43 secondes d’effort. Plus que quelques mètres lorsque…une déflagration et tout bascule. Treize secondes passent et une deuxième déflagration donne un peu plus de corps au cauchemar. Des corps parterre, partout, autour. C’est à peu près ce que vivent les participants au marathon de Boston 2013, vers 14h40, s’ils sont à proximité de la bibliothèque municipale de la capitale du Massachusetts.
En quelques secondes, la souffrance a changé d’odeur.
La sueur a laissé place au sang. La zone d’arrivée, théâtre de toutes les joies, est devenu la porte des enfers. En quelques minutes les cris ont changé de tonalité. Les rythmes cardiaques accélèrent anormalement. Mais cela n’a plus rien à voir avec l’effort. Les coureurs sont à terre, les spectateurs courent. L’ordre des choses s’est inversé. Personne ne comprend. Un homme s’anime, une femme crie, l’autre ne sait pas pourquoi il ne fonce plus vers cette ligne. Habituellement, les coups de canon ou de pistolets sont tirés au départ des courses. Le 117ème Marathon de Boston, le plus vieux au monde, vient de s’achever sur deux terribles explosions. La terreur aveugle et complexe vient de balayer le bonheur simple d’un jour off, le Patriot’s Day.
Quelques heures après, les rubalises des scènes de crimes ont remplacé la « finish line ». Ca y est, c’est vraiment la fin.
Trois morts, dont un enfant de huit ans, et plus de cent quarante blessés. Ce n’est pas le bilan attendu : on ne devait parler que des 21 000 finishers.
Prémonition ou mauvaise coïncidence, ce rassemblement de Boston 2013 avait débuté par une minute de silence en hommage aux 27 victimes de la tuerie qui avait eu lieu à Newton dans le Connecticut en décembre dernier.
Jusqu’ici, aucune des précédentes éditions n’avaient été interrompues et, ce, depuis 1897.
Boston, traditionnellement disputé le troisième lundi d’avril, fait parti des 6 marathons majeurs que compte la planète avec New York, Chicago, Berlin, Tokyo et Londres. Londres, justement, prévu dimanche 21 avril sera maintenu selon les déclarations faîtes par le directeur de l’épreuve Nick Bitel sur SkySports. Heureusement.
Boston, jugé très difficile en raison de son parcours accidenté, – et sans jeu de mot -, devra aussi renaître l’an prochain. Et à coup sûr, l’édition de 2014 sera encore un peu plus dure. Émotionnellement au moins.
Car il est une sentence commune aux runners du monde entier : « je cours donc je vis ». Et devant la mort imbécile, il n’est de meilleur remède à administrer que celui de la vie. Alors il faudra courir.
A l’heure actuelle, aucune piste n’est privilégiée par les autorités américaines. Les enquêteurs vérifient toutes les vidéos à leur disposition et récoltent encore les différents témoignages.
Les talibans pakistanais, qui ont déjà menacé de frapper les États-Unis en raison de leur soutien au gouvernement du Pakistan, ont déjà nié mardi toute implication dans ces attaques.
Des attaques qui pourraient aussi bien venir de l’intérieur du pays. A quelques jours près, elles pourraient faire échos à l’attentat d’Oklahoma City, -perpétré par Timothy McVeigh, activiste d’extrême droite -, lorsque le 19 avril 1995, une explosion au camion piégé avait détruit un immeuble fédéral faisant 168 morts.
Sinon lundi, à Boston, il y avait aussi une course. Pour son 2ème marathon après Dubaï en janvier, à seulement 23 ans, l’éthiopien Lelisa Desisa s’était imposé en 2h10’22 » devant le kényan Micah Kogo et un autre Ethiopien, Gebregziabher Gebremariam. Chez les femmes, la kényane Rita Jeptoo avait remporté l’épreuve en 2h26’25 », avec respectivement 33 et 36 secondes sur ses deux poursuivantes, l’éthiopienne Meseret Hailu, et sa compatriote Sharon Cherop.
Eux, les champions, ont bien vu la « finish line » sur Boylston Street. Ils l’ont même franchi. Nul ne doute qu’ils se souviendront longtemps de ce jour. Le rêve était pourtant dans leurs mains. Ce devait être ça la fin. – S.L
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