Il emporte avec lui ses 117 kg et ses 1m95. Le bressan ne ferraillera plus dans les regroupements bleus. En 74 sélections, le joueur n’a jamais triché. Il laisse un grand vide à combler.
Si vous croisez sa carcasse de grognard du rugby, vous ne pourrez pas le manquer. Cheveux hirsutes, barbe de quelques jours, visage toujours sympathique malgré quelques traces de combats ici ou là. Lionel Nallet est plutôt avare de mots, mais, un petit tour sur son compte Twitter aide à dessiner le personnage. Entier. Humain. Généreux.
Soldat Loyal. Le 31 janvier, alors qu’il s’était mis en réserve du XV de France, après une Coupe Du Monde pleine, le joueur du Racing est rappelé par Philippe Saint-André. Il commente : «Même à 35 ans, ça fait toujours aussi plaisir d’être sélectionné…». Ce ne sera pas le Tournoi de trop, même si l’usure des derniers mois limite son rayonnement. Lui qui, depuis 2007, nous avait habitués à des charges plein terrain. Il devra se contenter du travail de l’ombre. La base du métier de 2ème ligne : Déblayage, plaquage, soutien au ras, poutre de pack. Nallet ne démérite pas. Comme toujours. Remplaçant, il donne ce que le staff lui demande. Pour le groupe et le jeune Maestri. Mais comme il le confiait samedi, « il faut savoir dire stop ». Un deal secret a été établi avec Saint-André : si les bleus ne sont plus en course pour la victoire dans le tournoi, « Nalluche » arrête la sienne. Sans regret. Il refuse même de suivre ses partenaires au Pays-de-Galles pour faire la fête après le dernier match : « j’ai beaucoup demandé à ma famille et j’ai décidé de la privilégier ».
Leader naturel. Au civil, l’usineur de formation est aussi entrepreneur, en mécanique de précision. Un patron « Juste ! » selon ses employés. Un vice-capitaine honnête également qui monte au créneau quand Lièvremont fustige les « sales gosses » lors du mondial néo-zélandais. Un leader qui, suite au report de France-Irlande, publie sur la toile : «Au moins pas de blessure ce soir, je vous rassure, nous joueurs n’avons pas été consultés ». Un ami fidèle. Lorsque son «pote» Chabal est sur le grill médiatique et disciplinaire en raison de propos acides sur l’arbitrage, il lui réserve ses 1ers mots virtuels après une qualification en demi-finales du Top 14 : « Direction Marseille, j’espère que Seb sera pas suspendu pour venir avec nous. ». Car Nallet emporte avec lui une partie de ce que le rugby risque de perdre peu à peu, ces valeurs que le professionnalisme piétine. 12 ans après sa première cape face à la Roumanie, l’ancien berjallien quitte les bleus discrètement. Sa carrière internationale fût remarquable. Approché par le LOU, il devrait être encore sur les prés l’an prochain. Alors si vous avez l’occasion de croiser la carcasse de ce géant du rugby, ne vous détournez pas. S-L
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