Philippe Saint-André vient d’annoncer sa liste de titulaires. Pour intervenir dans le jardin du Millénium, le XV de France comptera sur 3 sorties de frigo, un porteur d’eau et 2 jeunes pousses. Cohérent.
Pourvu que la greffe tienne. PSA, nouveau paysagiste du rugby bleu, lui, est formel :«On n’y va pas pour échanger des cravates ou faire du shopping à Cardiff… ». Ouf ! Après la frustration de Dimanche dernier, on aurait pu craindre une forme de démobilisation. Mais plusieurs éléments nous confirment que ce groupe ne part pas en villégiature.Pour qui connaît l’antre gallois aux 74 500 places, difficile d’imaginer pénétrer l’édifice en tongs. Car quand le magnifique monstre, posé en plein centre-ville, brûle des chœurs à la gloire des diables rouges, il vaut mieux être outillé. Comme le dit si justement le sélectionneur : « samedi, il faudra plutôt le casque à pointe ».
Episode 5. Bien entendu, les valeurs sûres formeront le terreau de cette équipe invitée à faire trébucher les gallois dans leur quête d’un 11ème grand chelem : Poux, le pilier le moins « people » mais toujours présent pour tirer la charrue française; Servat, Bonnaire les incontournables pour leur dernière cape, -« il va peut-être y avoir un surplus d’émotion en début de match. Ça risque de piquer » – ; le basque volant, Immanol, désormais géomètre des terrains ; le défricheur de défense et capitaine, Dusautoir, pour rythmer les travaux ; et Poitrenaud, pour faire éclore ces parfums de relance et assurer la récolte lorsque le ciel se fâche sous les ballons adverses. Tout de même. Ce terreau bleu, une fois pétri par nos mains, une fois porté au museau, ce terreau sent si bon que l’on comprend mal comment les mauvaises herbes d’un début raté ravagent systématiquement nos plates-bandes.
Il manque bien Mas mais ce dernier a été « énormément sollicité » ces derniers mois. Il sera donc 23ème homme. Et puis Attoub n’en pouvait plus de se coltiner les barriques d’eau depuis le début du tournoi. Pour ceux qui ne l’aurait pas vu se dessécher au bord des pelouses, PSA nous rappelle que cela fait « un mois qu’il apporte la flotte » et que cela fait 5 ans que l’on n’a pas vu d’autres piliers droit.
Bricolage ou jardinage ? Comme, l’intérêt d’un parterre repose sur la diversité des espèces, il fallait ajouter un peu de caractère à l’impression générale laissée ces dernières semaines. Yachvili, excellent avec Biarritz lors des 19 et 20èmes journées,- et l’on ne commentera pas le hasard de sa sélection en l’absence de doublon-, aura pour mission de jeter les premières graines « de jouer dans le premier et le 2ème rideau, de coller au ballon » pour contrôler la pression galloise et installer son compère Beauxis que le staff souhaitait revoir : « Qu’il soit titulaire 2 matchs d’affilés c’est normal. Surtout là à l’extérieur. On travaille sur l’avenir ». Fritz, le talentueux, fait son grand retour. Décongelé pour l’occasion. Fritz, le légitime, que l’on a tant attendu. Fritz que l’on espère en Kaiser d’un centre de terrain fort. Fritz que ses coéquipiers en clubs louent pour ses qualités humaines. Bien loin de cette étiquette de bad boy, de chiendent que l’on essaie de lui attribuer depuis trop longtemps. Enfin, Palisson remplace numériquement Clerc, blessé à l’épaule et convalescent au pire moment de la saison pour son club haut-garonnais. Celui des moissons de titres.
Retour vers le futur. Pour que les fruits soient beaux, il faut les bichonner longtemps, les entretenir avec amour une fois le printemps venu. Alors, Maestri est à nouveau titulaire. Déjà grande et solide tige de la 2ème ligne bleue, il pourra s’appuyer sur son tuteur, Papé. Le jeune toulousain, auteur d’un gros match face à l’Irlande, a souffert, comme son équipe, face aux anglais. Il a failli plier mais n’a jamais rompu. Sa présence est logique et s’inscrit dans la continuité. Quant au puncheur clermontois Fofana, auteur de 4 essais en 4 matchs, le boss des bleus ne prend pas de risques en le plaçant à l’aile : « il y a déjà joué 50 minutes. Et il a démontré qu’il avait la qualité à breaker, à casser la ligne adverse… ».
Au-delà du résultat entre dragons et coqs samedi, on imagine déjà l’ossature des tournées exotiques de juin, on pense à ces rencontres fertiles en succès mondiaux que l’on nous promet pour les prochaines années. Pourtant, avant de goûter aux délices de lointaines contrées, les dernières saveurs de l’édition européenne 2012 attendent une équipe de France qui se doit de rester « terre à terre ». Et Philippe Saint-André a raison. Lui qui redoute « la maîtrise collective » galloise et s’apprête à « utiliser son banc de touche » à fond. Lui qui souligne : « on a cette particularité de bien finir les matchs ». Mais, cette fois c’est le tournoi qu’il faudra bien finir. Alors « Appelés du Poireau », levez-vous ! – S.L
Le XV pour affronter le Pays-De-Galles – (samedi à 15h45) :
1) Poux 2) Servat 3) Attoub
4) Papé 5) Maestri
6) Dussautoir 8) Harinordoquy 7) Bonnaire
9) Yachvili
10) Beauxis
11) Palisson 12) Fritz 13) Rougerie 14) Fofana
15) Poitrenaud
Remplaçants : Szarzewski, Debaty, Pierre, Picamoles, Parra, Trinh-Duc, Buttin
23ème : Mas
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