Philippe Saint-André a livré le XV de départ appelé à redresser la barre samedi au Stade de France. La stratégie a eu raison de Florian Fritz. Mais le discours du sélectionneur n’a pas vraiment convaincu.
La voix plus tremblante que d’habitude, Philippe Saint-André se présente en conférence de presse dans l’amphithéâtre du Centre National de Rugby de Marcoussis. Il faut dire que la 2ème journée du Tournoi des 6 Nations 2013 se profile et que comme le chante Etienne Daho dans son célèbre « Weekend à Rome », depuis ce dimanche et le fiasco italien, « Paris est sous la pluie »…
PSA plonge sans tarder sur son micro et se lance dans sa présentation…à l’image des relances qu’il improvisait lorsqu’il était joueur et « Goret », et que son maillot semblait toujours mal ajusté.
Sans surprise, le groupe livré recèle 3 changements : Jocelino Suta remplace logiquement Pascal Papé blessé en 2ème ligne, Thierry Dusautoir redevient capitaine des bleus et Mathieu Bastareaud remplace Florian Fritz au centre.
Mea Culpa. Premiers commentaires lancés comme une défense : « La défaite face à l’Italie ne souffre d’aucune contestation, en perdant plus de 16 ballons, on ne peut pas gagner un match ». Cela saute aux yeux. Le sélectionneur et son staff sont encore meurtris par la défaite en Italie. Le besoin de se justifier prend le pas sur l’actualité galloise.
« On dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne, nous on ne change pas une équipe qui perd ». Belle formule. C’est tout à l’honneur de l’encadrement bleu de ne pas céder aux sirènes médiatiques ou populaires. Surtout lorsque les statistiques viennent confirmer que, si les français ont été dominés, ils n’ont été pénalisés que 4 fois, contre 10 pour leurs adversaires. En effet, tout n’est pas à jeter.
Première contradiction cependant : le remplacement de Florian Fritz par Mathieu Bastareaud ! Fritz, exemplaire en défense. Fritz, sevré de ballons mais efficace offensivement (bien qu’il « oublie » de passer à Fofana à la 12ème). Fritz, successivement auteur de 7 prestations de haut niveau depuis son retour en bleu (face au Pays de Galles lors du dernier match du tournoi 2012). « Ce n’est pas une sanction, on gagne à 23 ou on perd à 23…c’est une situation un peu stratégique par rapport à la position inversée des gallois et aux automatismes 10, 12, 13 en club…. » s’explique PSA.
La taque-taque-tique. Malheureusement, l’argument de la complémentarité ne tient pas tout à fait, comme l’explique Pierre Michel Bonnot dans l’Equipe (édition du jeudi 7 février 2013) : depuis décembre, les toulonnais Michalak, Mermoz et Bastareaud n’ont partagé que 6 minutes de jeu en matchs officiels. On comprend l’intention de l’encadrement français : face à la densité proposée par Jamie Roberts et les gallois au centre du terrain, cet ajustement ne vaut pas une affaire d’état. Mais pourtant, Florian Fritz est sans aucun doute l’un des centres les plus perforants et puissants de notre championnat, un puncheur doublé d’un très bon plaqueur. Alors l’espace d’une seconde et d’une mauvaise pensée, on se rappelle que, -il y a quelques semaines-, certains observateurs pointaient du doigt le lobbying mené du côté de la rade pour que les bleus aient un peu plus l’accent du sud-est… PSA poursuit avec ironie : « Ce n’est pas Florian Fritz qui a perdu 16 ballons… » et précise « mais Roberts est un perforateur. Il fait avancer le Pays De Galles et Mathieu avait fait un bon match face à lui en HCup… ». Ah ? bon… alors tant pis pour Fritz.
Pas de regrets mais des remords. Le sélectionneur clame dans la foulée que les bleus vont « tout faire pour n’avoir aucun regret samedi ». Comment ? On se saurait le dire car Saint-André aborde peu la rencontre à venir. Il préfère avouer sa colère et revenir sur l’Italie: « quand on a la possibilité de tuer le match et qu’on ne le fait pas… ». C’est vrai. Il faut dire qu’en commettant onze en-avant dont huit en 2ème mi-temps, les occasions s’envolent vite. Surtout si l’on ajoute les quatre ballons rendus en touche sur treize lancers : ça fait beaucoup !
Lucide, Saint-André enchaîne : «Les réponses ont été individuelles et pas collective….mais on ne va pas bruler ce qu’on a aimé en novembre. On a manqué de stratégie de précision collective…..c’est pour ça que l’on garde ce groupe pour progresser dans le domaine des repères collectifs. On croit en ce groupe, à nous de mettre le casque à pointe et de se préparer pour un match de très haut niveau face à ces gallois. ». Tout cela est bien ficelé et en tant que grand communiquant, le sélectionneur profite alors de l’exercice en public pour faire passer des messages : « On voit la moelle d’un joueur de haut niveau non pas dans une dynamique de victoire mais dans la défaite. ». Aussitôt, on se dit qu’il existe un contre-exemple All Black mais il prévient « on aurait pu sortir beaucoup plus de joueur…. Ils ont la chance d’en avoir une 2ème …à eux de la saisir ».
Quant au reste de l’échange, il est expédié avec un brin de langue de bois.
Circulez Messieurs Dames…Quid du changement imposé par la blessure de Pascal Papé ? « Jocelino Suta commence le match car il connait les annonces…le jeune « Tao » (Romain Taofifenua- USAP), il apprend le haut niveau ».
Quid du capitanat récupéré par Dusautoir, -ô ironie du sort-, récemment déchu ? «A partir du moment où Papé est blessé, Thierry passe naturellement capitaine ».
Quid des Gallois ? « Sincèrement, on se concentre sur nous déjà ».
Avant de s’en aller, Philippe Saint-André nous rappelle, – tout de même ! -, que la France avait été «capable de battre les meilleures nations du monde en novembre», ce qui fera sans doute plaisir à l’équipe des Samoa (lors de tests de novembre, le XV de France avait successivement battu L’Australie, l’Argentine et les Samoa).
Bon, c’est fini, on y va …mais pour une fois, on ne peut pas dire que tout cela transpire la sérénité. -S.L
Le XV de France : Forestier, Szarzewski, Mas – Suta, Maestri – Ouedraogo, Dusautoir, Picamoles – Machenaud, Michalak – Fall, Mermoz, Bastareaud, Fofana – Huget
Les remplaçants : Kayser, Debaty, Ducalcon, Taofifenua, Chouly, Parra, Trinh-Duc, Fritz
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