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Camille Lopez, cet(te) Ouverture sur l’avenir


A 24 ans, le jeune numéro 10 cristallise beaucoup d’espoirs. Après une saison 2012-2013 très réussie sous les couleurs de Bordeaux-Bègles, Camille Lopez vient d’hériter des clés du jeu perpignanais, reléguant l’ouvreur gallois James Hook au poste d’arrière. Entre temps, l’équipe de France lui a ouvert ses portes en juin. Regard sur un phénomène à l’ascension hors norme.   

 

« Ce vendredi c’était Noël avant l’heure. On a apporté des cadeaux qu’on a mis sur le terrain, sous le sapin, il aurait fallu aller les chercher. Et, eux, ils ont ouvert les cadeaux. […] Je pense qu’on a fêté Noël à Perpignan. » livrait Fabien Galthié avec ironie au soir de la 6ème journée de Top 14,  courant septembre. L’USAP venait de corriger Montpellier 28-16. Mais le coach héraultais avait oublié un détail : toute distribution de présents par le « grand barbu rouge » nécessite la présence d’un aide de camp, d’un lutin. Et ce soir-là, le lutin mesurait exactement 1m75 pour 88 kilos. Son nom : Camille Lopez. Car si les nouveaux partenaires de Nicolas Mas s’étaient rendus coupables de quelques errements défensifs qui rendirent en effet la tâche de l‘USAP plus simple, rien n’eût été pareil si le génie roux ne s’était manifesté durant ce match. Et de quelle manière.lopez

 

Exemplaire. Dixième minute de jeu, Perpignan se recroqueville dans ses 22 mètres lorsque le « petit » 10 éclabousse la partie de son grand talent. D’une passe au pied latérale, tel un chef d’orchestre, il lance la symphonie, libère son ailier Wandilé Mjekevu qui accélère, repique dans l’axe. Le terrain traversé, le 3ème ligne Justin Purll hérite du ballon et aplatit l’essai. Une action savamment étudiée à la vidéo avant le match selon les confidences de l’entraîneur catalan Marc Delpoux. Autant faut-il avoir quelqu’un pour l’apprendre et la réciter au bon moment. Un joueur intelligent, inspiré et qui ne tremble pas.

Camille Lopez est de ceux-là. Ces joueurs talentueux qui travaillent plus que les autres et savent où ils vont.

« Il est doué, pétri de qualités » selon Vincent Etcheto, son ancien entraîneur à Bordeaux-Bègles qui se souvient aussi qu’il a dû se forger un physique de haut niveau avec patience. Transfuge de Fédérale 1 où il fit ses premières armes avec le Sport Athlétique Mauléonnais, -son club formateur qui l’a vu naître au rugby à six ans-, Camille Lopez ne compte aucune sélection chez les jeunes lorsqu’il débarque en ProD2 et en Gironde. Mais son tableau de chasse n’est pas vierge avec deux titres de champion de France cadets Teulière (2006) et juniors Balandrade (en 2007).

Il est amateur, jeune et n’a pas connu les centres de formation. Pourtant, à vingt ans, le jeune homme sait déjà où il va et réussit là où d’autres jeunes couvés depuis toujours par les grands clubs échouent. « Il a beaucoup travaillé, il a souffert. Tous les matins, il est venu s’entrainer, plus que les autres, avant les autres, avant le petit déjeuner. Il a dû devenir athlète de haut niveau car il n’était pas prêt pour ça. » souligne Etcheto.

Le jeune joueur perd une dizaine de kilos et franchit une nouvelle marche en accédant au Top 14 avec ses nouvelles couleurs. Tout sauf « le hasard dû à un bon rebond » comme l’avoue son frère Sébastien, de quatre ans son ainé : « il a un gros mental, ne va jamais douter ». Ce que l’intéressé confirme : « Quand j’ai envie de quelque chose, j’ai un tempérament de gagneur. Le mental, je m’appuie sur ça depuis des années, c’est une force qui n’est pas négligeable ». Peut-être un héritage de ses terres d’origine : Chéraute son village, niché tout contre Mauléon, au cœur de la Soule, plus petite des sept provinces traditionnelles du Pays basque. La Soule connue pour son respect des traditions et des ‘pastorales’ jouées chaque été, ces pièces de théâtres où danses et chants basques se côtoient. La Soule qui porte si bien son nom pour avoir su héberger en son sein l’un des tous meilleurs demi d’ouverture de l’élite française. Peut-être le 10 de demain tant attendu en équipe de France ?lopez 2

La surprise du chef. On peut se poser la question tant l’ascension de Camille Lopez semble sans limite, hors norme. Professionnel depuis un peu plus de 4 ans seulement, son arrivée à Perpignan, l’un des grands clubs de l’hexagone, titré en 2009, s’inscrit dans une trajectoire tout sauf anodine. « J’ai connu un an en Fédérale 1, deux en ProD2 et 2 autres en Top 14. Je suis venu pour jouer la HCup, la coupe d’Europe, et la qualification en Top 14 ». Et la présence de Marc Delpoux son manager deux ans et demi durant à Bordeaux-Bêgles « a fait partie de la réflexion ».

Celui que l’on dit intuitif, capable de bonifier les ballons de son équipe à la perfection, et doté d’une grande inspiration. Cet ouvreur, qui aime faire jouer ses partenaires prêts de la ligne et peut renverser le cours d’un match à lui tout seul, serait aussi un joueur posé, doté d’une tête bien pleine. Pas une simple promesse. Non. Et qu’importe le costume, après tout, pourvu que l’on ait le talent. La preuve.

Rappelez-vous. Déjà le 17 août dernier, au Stade Aimé Giral. 1ère journée de cette saison 2013-2014. Sous son nouveau maillot catalan, Camille Lopez usait de toute sa panoplie dans une rencontre piège face au Castres Olympique. Score final, 26 à 23 face au champion de France en titre. Après un essai encaissé dès les premières minutes de jeu, il remettait son équipe sur les bons rails en passant un drop compliqué, des 22 mètres en coin.
Peu après, il délivrait du pied gauche, une merveille de passe millimétrée vers la touche droite pour son ailier Sofiane Guitoune qui s’en allait conclure.
Enfin, à trois minutes du terme de la rencontre, il héritait du ballon à dix mètres de la ligne castraise, crochetait Rory Kockott (demi de mêlée et révélation de la saison passée) à son intérieur, passait deux autres joueurs en revue et aplatissait sous les poteaux, délivrant son équipe.

Oui, d’entrée, Lopez prouvait qu’il n’avait pas besoin de temps d’adaptation pour s’exprimer sur son nouveau pré.
Pourtant pas d’euphorie dans ses déclarations d’après-match, juste de l’humilité, de la discipline et des perspectives de belles récoltes à venir : « Quand on voit la qualité de l’effectif, c’est clair que l’on peut jouer du beau rugby, on essaie de le démontrer sur certaines actions mais pour pouvoir le faire plus encore, il faut être plus appliqué et concentré, plus précis sur certains placements, ce sont des détails importants à ce niveau ».

 

Hier c’est déjà demain. Oui, logiquement, le futur proche du lutin roux devrait s’inscrire en bleu et ce avant Noël. A n’en pas douter. Car après une première tournée Néo-zélandaises et deux capes en juin, Camille Lopez va s’attacher dans les mois qui arrivent à montrer qu’il faudra compter lui dans la caste des maîtres à jouer tricolores. Lors de ses deux matchs en équipe de France, le néo perpignanais a certes rendu un bilan contrasté (3 points, 50% de réussite) mais prometteur dans un contexte difficile face aux Champions du Monde. Titulaire lors du premier test, il a très bien su orienter le jeu avec son pied gauche bien qu’il ait aussi gâché un drop dans ses cordes. Parallèlement, son sens de l’attaque et du jeu n’est pas resté muet, au contraire. Seule une cuillère de l’ouvreur adverse Aaron Cruden l’empêcha de concrétiser sa plus belle initiative. Mais le très haut niveau exige un ensemble au diapason, une équipe à l’unisson pour que la réussite total advienne à un poste aussi exposé. Alors, quand on se souvient que le jeune rugbyman vient de loin, qu’il affrontait en Nouvelle-Zélande ce qui se fait de mieux et que, chez lui, tout est question de temps, d’expérience et de progression. On juge la performance avec intérêt.

Il serait surprenant de ne pas le voir à nouveau animer le jeu bleu : le sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André, l’a jugé « intéressant » et l’a d’ailleurs convoqué pour le premier stage de préparation (22-25 septembre à Marcoussis) à la tournée automnale.
A l’évidence, à 24 ans, Camille Lopez n’est pas le capé* le plus précoce à un poste où l’on dit que la maturité est souvent tardive. A l’évidence, la concurrence existe et la hiérarchie peut tourner aussi vite que le vent, François Trinh Duc ou Frédéric Michalak pourraient en témoigner. A l’évidence, non, rien n’est acquis pour le néo catalan. Mais ce contexte pourrait aussi lui permettre d’y puiser toute la force nécessaire à l’accomplissement de son objectif : s’imposer comme titulaire en équipe de France.

Si la fulgurance de son apprentissage laisse présager le meilleur, sa présence dans le groupe bleu dessine déjà cet horizon azur.
Car, oui à l’évidence, avec un mental et un talent tels que les siens, Camille Lopez pourrait enfin être ce demi tant attendu. Cette ouverture sur l’avenir. – S.L

 

 

 

* en comparaison, parmi les candidats potentiels au poste d’ouvreur aujourd’hui, François Trinh Duc (montpellier – 27 ans) a connu sa 1ère sélection à 22 ans et Frédéric Michalak (30 ans) à 19 ans quand le joueur du Stade français Jules Plisson a été appelé en stage l’an passé à seulement 22 ans sans être sélectionné par la suite

 

Camille Lopez est né à Mauléon le 03/04/1989.

Demi d’ouverture.

 Club successifs : SA Mauléon (2008-2009),  Union Bordeaux- Bègles (2009-2013), USA Perpignan (2013-  )

Equipe de France : 2 Sélections (tournée en Nouvelle-Zélande juin 2013), 3 pts.

À propos de stephanlem

sport journalist

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