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Top 14 : un Tiers déjà bien plein.


Après deux journées européennes, le Top 14 reprend ses droits avec une 10ème manche pleine de promesse : Toulouse-Toulon et Racing- Stade Français en seront les affiches. L’occasion de revenir sur les enseignements de ce premier tiers de championnat. Juste avant de se projeter vers la suite et …les tournées d’automne. Une fenêtre internationale qui imposera une deuxième pause et un doublon (France-Afrique du Sud le 23 novembre, Saint-Denis) à la compétition hexagonale.

Un resserrement notable.Logo_Top14_2012

7 points d’écart entre les trois 1ers Toulon, Montpellier et Toulouse, et le 11ème Castres, champion en titre ! C’est peu. D’ailleurs, si le champion n’est pas dans les 6 premiers, il n’a pas fait de faux pas : il est sorti cinq fois sur neuf rencontres et n’a chuté que de peu à Bordeaux (21-20) et Perpignan (26-23). Alors ? Alors le resserrement de l’élite est unique. Jamais pareille situation n’avait été enregistrée depuis la création du Top 14 en 2005-2006. Jamais leader n’avait compté si peu de points. Le précédent « record » après 9 journées était détenu par le Racing et ses 28 points en 2010-2011. Cette année là, Clermont, 6ème comptabilisait 24 points tout comme Perpignan aujourd’hui. Et les accessits aux phases finales avaient été distribués lors de la toute dernière journée, avec 2 points de différence entre le 4ème et le 8ème. Suspense à suivre.   

2013-2014 semble prendre un malin plaisir à rejouer la même partition. Si les compteurs s’arrêtaient là, Toulon, Montpellier, Toulouse, Paris, Clermont, et Perpignan se qualifieraient pour la deuxième phase. Et ils seraient grandement soulagés tant ce championnat s’annonce difficile. Car qui pourrait affirmer que l’un de ces clubs se détache du lot ? Comme l’année dernière, Toulon, Toulouse et Clermont semblent solides sur leurs bases mais ils n’ont pas été épargnés par les trous d’air. Paris, seule équipe à 6 victoires, paraît prête à renouer avec son passé. Mais quand on voit que du 1er au 11ème, l’écart se joue à une victoire, un nul, ou quelques points de bonus, à l’évidence, les pronostics s’avèrent plus hésitants.

 

2012/2013

pts

bilan

 

2013/2014

pts

bilan

1

Toulon

37

8v,1d

 

1

Toulon

27

5v, 1n, 3d

2

Clermont

32

7v,2d

 

2

Montpellier

27

5v, 1n, 3d

3

Toulouse

29

6v,3d

 

3

Toulouse

27

5v, 4d

4

Montpellier

27

6v,3d

 

4

Paris

26

6v, 3d

5

Castres

24

5v, 1n,3d

 

5

Clermont

25

5v,4d

6

Grenoble*

22

5v,4d

 

6

Perpignan

24

5v,4d

7

Biarritz

20

4v, 5d

 

7

Grenoble

23

5v, 1n, 3d

8

Racing

20

4v, 5d

 

8

Racing

22

5v, 4d

9

Perpignan

20

4v, 5d

 

9

Brive*

22

4v,1n,4d

10

Paris

19

4v,1n,4d

 

10

Bordeaux

21

4v, 5d

11

Bordeaux

15

3v,6d

 

11

Castres

20

4v, 5d

12

Bayonne

15

3v,6d

 

12

Oyonnax*

17

4v, 5d

13

Agen

14

3v,6d

 

13

Bayonne

16

3v, 6d

14

Mont-de-Marsan*

2

9d

 

14

Biarritz

8

1v, 8d


Derniers mais pas morts.

Avec 8 points et une seule victoire, la situation de Biarritz est assez limpide. L’heure est au maintien. Et cette heure va paraître longue, très longue avant le verdict. Mais n’en déplaise aux bourreaux qui affûtent leurs lames, même décroché au classement, Biarritz peut très bien s’en sortir. Statistiquement en tout cas. Les annales du Top14 comptent plusieurs exemples qui rendront le sourire aux hommes de Serge Blanco. Il y a deux ans, après 9 journées, le BO n’avait amassé que 10 points et s’en était sorti. En 2010-2011, Agen comptait 7 points à pareille période et le SUA termina 10ème avec 51 points. Plus loin, en 2006-2007, c’est Bayonne qui stagnait avec 8 unités et terminait 8ème avec 51 points également. L’espoir est donc permis bien que l’écart comptable avec les 12ème et 11ème soit important et que le niveau soit aussi plus relevé. Il reste donc 15 journées aux basques pour se montrer à la hauteur de leurs titres 2005 et 2006. Et puisque l’on parle de basques, Bayonne, 13ème, est certes mieux placé mais tout autant en danger. Une habitude ses dernières saisons.  Et si l’on se rappelle que depuis l’instauration du Top14 en 2005/2006 (sauf une fois en 2006/2007) au moins l’une des deux équipes relégables à la 9ème journée est descendue en fin de saison. Cela en dit long sur ce qui attend les deux entités basques. Mais que voulez-vous, quand la côte n’a plus la côte.        

 

Les Premiers seront… les premiers.

Mouillons-nous. D’après les annales du championnat, on devrait également être sûr d’une chose : le futur champion sera l’un des 6 premiers du classement actuel. Si, si. Voire l’un des 3 premiers. Car, hormis l’an passé avec Castres, lors des huit éditions du Top 14, le champion était classé 7 fois sur 8 dans les 3 premiers au soir de la 9ème journée. Mais puisque cette compétition nous réserve des surprises et qu’elle n’a jamais été aussi serrée…

 

Saison

Champion

Classement après la 9ème journée

2012/2013

Castres

5ème

2011/2012

Toulouse

2ème

2010/2011

Toulouse

2ème

2009/2010

Clermont

1er

2008/2009

Perpignan

3ème

2007/2008

Toulouse

1er

2006/2007

Stade Français

1er

2005/2006

Biarritz

3ème

 

 

Meilleurs à la maison.

Seulement 9 victoires à l’extérieur en 9 journées. Soit 14,2%  des résultats, quand ces victoires représentaient presque 30% sur les 3 dernière saisons.

Les raisons de cette baisse sont multiples. Les équipes se sont renforcées et le niveau s’est resserré, c’est certain. Quand on investi autant, il ne faut pas se louper devant son public et à défaut de beau jeu, il faut faire valoir des vertus. Dans ce contexte, chaque club s’accroche à défendre son territoire. On connaît la rengaine servie par les coachs de l’élite : « commençons par gagner les matchs à la maison ». En France, lorsque l’on regarde le tableau de marche, gagner à domicile reste « naturel » et perdre lors d’un déplacement n’est pas vraiment grave surtout si l’on accroche un bonus défensif. Mais toute défaite à domicile peut avoir de graves conséquences, signifier « fragilité et crise » et entraîner une glissade vers le bas du classement. D’autant plus cette année.

A contrario, chaque victoire dehors compte presque double.

C’est simple : toutes les équipes (Paris (2 fois), Clermont(1), Toulon(1), Montpellier(1), Perpignan (1), Grenoble (2) et le Racing(1)) ayant gagné hors de leurs bases occupent le haut du classement. Bien entendu avec des fortunes diverses puisque le Racing a chuté à domicile (20-22) face à Grenoble lors de la dernière journée, ce qui annule le gain de son voyage heureux à Bayonne. Tout comme, une semaine auparavant, le nul concédé par… Grenoble face à Brive au stade Lesdiguières l’avait freiné. Les Isérois confirment tout de même leur bonne saison passée et s’affirment comme une équipe solide capable de jouer les phases finales, même si la saison reste longue. 

Autre frein à l’épanouissement hors de ses bases : Le nombre de nouvelles recrues, souvent étrangères (voir ci-après). Ce facteur peut aussi influencer le rendement à court terme d’un groupe. Intégrer de nouveaux éléments, qui découvrent un nouvel environnement et un nouveau championnat demande du temps que ce championnat ne donne pas. Car pour créer une identité de jeu, il faut se comprendre sur et hors du terrain. Le Racing et ses 15 recrues « haut de gamme » (sur un effectif de 39 joueurs) illustre parfaitement la situation : quelques absents ou blessés, des victoires étriquées à domicile quand ce ne sont des défaites et la saison devient vite compliquée à gérer. Surtout lorsque les préparations de pré-saison sont toujours plus denses et la fatigue des mois précédents pas toujours évacuées, notamment par les internationaux. Il faut donc faire tourner les effectifs dès que possible et l’instauration rapide d’automatismes se trouve alors contrariée. Alors, à l’extérieur, après quatre ou cinq déplacements, le peu de repères existants s’avère souvent fragile.

 

L’exception qui confirme la règle.

Toulouse est unique ! Avec son 25/25 points possibles récoltés à domicile, le Stade a fait le plein de victoire et de bonus à Ernest-Wallon. Au rang des visiteurs étrillés, le Stade Français, leader lors de sa venue, ou encore le champion de France, Castres. A l’inverse, dehors, ce n’est pas nul mais presque, -sur le plan comptable-, avec 2 petits points arrachés. Tout de même, Toulouse complète la liste des prétendants aux phases finales et au titre. Oui, Toulouse confirme ainsi la tendance : cette saison pour exister, il faut d’abord être très fort chez soit et pour briller, il vaut mieux vaincre chez l’autre. Mais en entretenant ce rythme dément à domicile, ce n’est peut-être pas nécessaire. Toulouse vient d’ailleurs de s’imposer hors de ses terres pour la première fois de la saison : c’était en HCup et les « Rouge et Noir » se sont ainsi dégagés les portes vers la qualification. A Wembley, ils ont fait tomber (16-17) des Saracens pourtant invaincus depuis 5 journées de championnat. Un exploit retentissant.

 

Un afflux de stars

Toulon nous y avait habitués depuis plusieurs années : pas une semaine de compétition sans que l’on parle d’une nouvelle pépite internationale. Et le rythme s’est encore accéléré, mais, désormais les autres écuries s’y sont mises* : Springboks, All Blacks , anglais , écossais, gallois, Irlandais, australiens, fidjiens, argentins, italiens, canadiens, belges, portugais, norvégiens, américains, samoans, tongiens, géorgiens, tchèques, roumains … toutes les nations qui comptent en ovalie sont représentées en nombre. Une certitude : à défaut d’être le meilleur championnat du monde, le Top 14 est bien devenu un championnat « mondial ». Et nul doute que, la saison avançant, ces stars donnent la pleine mesure de leurs capacités. Si ce premier tiers s’est joué sans les « sudistes » retenus dans le Four Nations, il restait tout de même du beau monde dans les écuries françaises.

Pourtant les meilleurs marqueurs et réalisateurs sont des autochtones : Sofiane Guitoune, révélation du début de saison de l’USAP, a déjà inscrit 6 essais, à une longueur de l’anglais du CO, Marcel Garvey (avec un match de moins, il présente un meilleur ratio)  et de l’ex-wallaby de la rade, Matt Giteau ;  côté pieds, c’est le néo Bordelais Pierre Barnard (116 pts) qui devance Jonny Wilkinson (100 pts) et l’irlandais Jonathan Sexton (97pts). En poussant la lecture des statistiques, on note même que 4 des 10 meilleurs réalisateurs sont français (avec Germain, Yachvili et Courrent). Comme quoi il reste des talents tricolores dans notre championnat.

 

Des quotas renforcés à la fin de la saison.  mourad-boudjellal

La LNR a tranché : à l’avenir, place sera faite aux rugbymen formés en France, les JIFFS**. En 2014-2015, les clubs pro devront en avoir non seulement 55 % dans leurs effectifs (comme cette saison) mais aussi sur les feuilles de match, soit environ 12 joueurs sur 23. Un système incitatif sera mis en place financièrement. En 2015-2016, ce système deviendra répressif et affectera les droits télé et marketing des clubs. Et des sanctions match par match sont envisagées pour la saison suivante en cas de non respect. L’objectif est double : limiter l’escalade dans le recrutement 5 étoiles auxquels se livrent les clubs du Top 14 ; protéger l’équipe de France et les jeunes joueurs susceptibles de venir l’alimenter.

Pas étonnant de voir Mourad Boudjellal,  le Président Toulonnais, pousser des cris d’orfraies*** à la suite de cette annonce. Depuis sa remontée dans l’élite en 2008, le club varois est devenu le spécialiste des recrutements spectaculaires à l’étranger. Il l’a même érigé en marque de fabrique préférant laisser partir des joyaux tels que Maestri ou Fickou au profit de stars internationales plus opérationnelles (et plus rentables) immédiatement. Comme le soulignaient les britanniques de « Rugby Paper »,-support  spécialisé dans le rugby outre-manche -, avant le 9ème round, Toulon était le Club d’Europe qui venait d’utiliser le plus grand nombre de joueurs non formés au club lors des trois dernières journées : 37,6 % de JIFF par feuille de match, contre 43,5% pour Bayonne et 47,8% pour Oyonnax, les deux autres mauvais élèves de la classe. A l’aune de ces données, on comprend mieux pourquoi Mourad Boudjellal se sent visé par la nouvelle donne plus restrictive. Mais qu’il se rassure, il est possible d’avoir des résultats avec une politique de recrutement différente : sur la même période, Toulouse et Montpellier, co-leaders du championnat avec le RCT avaient eux utilisé 75,4% et 66,6% de JIFF. 

 

Un de chute dans l’Ain.

Il faudrait toujours finir les récits par une belle histoire. Oyonnax l’incarnait à merveille, petit poucet adoubé par les médias. Une victoire face à Clermont, vice-champion d’Europe, à domicile, une autre face à Castres, Champion de France en titre. Oui, l’histoire était belle. Le champion de ProD2 résistait et devenait le héraut des petits et des valeurs du peuple ovale. Jusqu’où cela irait-il ? Malheureusement, pas plus loin que la 7ème journée. Ce soir-là, le bunker Charles-Mathon avait cédé. Après une série de 27 matches sans défaite qui courait depuis le 26 novembre 2011. Les dynamiteurs du Stade français ont réussi à faire tomber Oyonnax. Des dynamiteurs en plein renouveau (nouveau stade, nouveaux entraîneurs, effectif renforcé…) qui sont venu réussir un exploit là où le champion d’Europe, Toulon, a échoué la semaine suivante. Et pour faire un lien taquin avec le paragraphe précédent, les dynamiteurs sont venus avec 14 JIFF et des petits jeunes (Bonneval, Plisson…) sur la feuille de match. Elle est peut-être là la belle histoire. – S.L   

 

 * Pour ne citer que quelques noms : springboks (Bryan Habana, Juan Smith, Ruan Pienaar,  Danie Rossouw, Morne Steyn), All Blacks (Ali Williams, Hosea Gear, Joe RoKocoko, Sitiveni Sivivatu, Luke Mac Allister, Carl Hayman) anglais (Jonny Wilkinson, Andrew Sheridan,Delon & Steffon Armitage, Olly Barkley…)  écossais (Richie Gray, Max Evans, Nathan Hines, Johnnie Beattie), gallois (Dan Lydiate, Jamie Roberts, Luke Charteris), Irlandais (Jonathan Sexton, Damian Browne), australiens (David Lyons, Drew Mitchell, Digby Ioane), fidjiens (Sisa Koyamaibole, Masi Matadigo, Josua Tuisova, Gabiriele Lovobalavu), argentins (Patricio Albacete, Juan-Martin Fernandez Lobbe, Juan-Martin Hernandez), italiens (Tommaso Benvenuti, Martin Castrogiovanni) … la liste n’est pas exhaustive.

 **Le « Joueur Issu des Filières de Formation » françaises a soit passé au moins trois saisons en centre de formation agréé d’un club de rugby professionnel, entre ses 16 et ses 21 ans, soit été licencié pendant au moins cinq saisons à la FFR en rugby à XV, mais avant ses 21 ans. Cette réglementation ne comprend aucune référence à la nationalité du joueur ou à son lieu de naissance. Ainsi, un joueur Fidjien ayant été licencié à la FFR durant sa période de formation pourra être considéré comme JIFF

 *** à l’annonce de la décision de la LNR concernant les nouveaux quotas JIFF, Mourad Boudjellal est à nouveau sorti de ses gonds, maniant ses habituelles provocations à l’égard des instances dirigeantes du rugby hexagonal qui serait selon lui « raciste ». Le Président varois a déjà menacé de ne pas jouer la nouvelle compétition européenne, la Rugby Champions Cup, lancée par la LNR et son homologue anglais. Mourad Boudjellal a également annoncé qu’il saisirait ses avocats pour dénoncer ces nouvelles dispositions. 

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