Une victoire in extremis sur les Anglais (26-24) et voilà les Français lancés dans le tournoi des 6 nations 2014. Au programme de la deuxième étape : l’Italie, jacques Brunel son entraîneur français, une mêlée expérimentée et sa jeune arrière-garde. Plus que jamais, la défaite est interdite.
« Je le vois ce match ! » déclarait, il y a quelques jours, un Philippe Saint-André déterminé dans les colonnes de l’Equipe. Mais quand il ajoutait « je vois le Stade de France à guichets fermés ! », on comprenait aisément que la fougue du sélectionneur faisait référence à la rencontre face à l’Angleterre. Non, ce France-Italie, comme souvent, personne n’en rêve et il serait bien étonnant qu’il se joue devant un stade comble.
Jamais battus. Non, personne n’en rêve, mais tous les connaisseurs s’en méfient. Il faut dire que les transalpins sont de plus en plus âpres, préparés et compétitifs. Déjà, lorsqu’ils étaient abonnés à la cuillère de bois et enchaînaient les défaites, contrairement aux scores souvent trompeurs affichés en fin de match, les terrasser était harassant. De la bouche même de l’ancien champion du monde Jonny Wilkinson, dans sa biographie « mémoire d’un perfectionniste » : « Personne ne se doute à quel point, il est difficile de jouer contre l’Italie chez elle. » Heureusement, La France joue ce 2ème match du tournoi 2014 à domicile. Heureusement. Car après une 4ème place chèrement glanée en 2007, la « squadra » semble être passée dans une autre dimension depuis 2011 : désormais chaque saison, sur un minimum de dix matchs joués face à des équipes situées dans le haut du tableau mondial, elle comptabilise à minima 3 succès, quand ses statistiques précédentes flirtaient souvent avec le néant. Pas à pas, maul après maul, l’Italie progresse. La France n’a plus gagné à Rome depuis 2009. L’Irlande y est tombée, elle, (22-17) l’an passé pour la première fois, et, seul le XV de la Rose n’y pas encore sombré depuis l’intégration de l’Italie en 2000. Mais il s’en est fallu de peu, il y a deux ans à Rome (14-19) et l’an passé à Twickenham (18-11), pour que l’Italie ne réussisse enfin à battre la dernière des équipes du « 6 Nations » qui lui résiste encore. Désormais, ses adversaires sont prévenus. L’équipe du Toulonnais Castrogiovanni et de du parisien Parisse voyage bien. La semaine dernière, en ouverture de cette édition, les Diables Rouges ont eu toutes les difficultés du monde à se dépêtrer du piège azur pour s’imposer (23-15).
Cette semaine en conférence de presse, le boss des bleus en était parfaitement conscient : « On sait que dans le Six Nations, il n’y a pas un match facile, les Italiens nous l’ont démontré l’année dernière (23-18 pour l’Italie à Rome) ! Et ils ont posé énormément de problèmes aux Gallois lors de leur premier match « . Car ne nous y trompons pas, il n’est pas question de forfanteries ou de respect démesuré : dimanche au Stade de France, la France ne reçoit pas une nation mineure de l’échiquier mondial. La France, classée 6ème et dernière du Tournoi 2013, recevra bien la nation qui elle avait à nouveau terminé 4ème.
Frères d’Italie .Et cette équipe cornaquée par Jacques Brunel (entraîneur adjoint du XV de France de 2001 à 2007) s’appuie aujourd’hui sur un bel alliage d’anciens et de très jeunes : devant les expérimentés, au milieu desquels les français retrouveront l’ex-joueur du Stade Français, Mauro Bergamasco (96 sélections) ; derrière les jeunes pousses, dont Michele Campagnaro (20 ans), centre du Benetton Trévise et auteur de deux essais contre le pays de Galles, ou encore l’USAPiste Tommaso Allan (20 ans) à l’ouverture. Un alliage qui évolue au gré des rencontres pour chercher et pourquoi pas trouver la meilleure formule possible dans une période charnière qui doit assurer le futur avant que ses cadres historiques ne partent à la retraite : « Nous avons apporté quelques modifications au XV titulaire par rapport au match contre le Pays de Galles, tout en confirmant la quasi-totalité de la liste des vingt-trois qui avaient joué à Cardiff, pour accroître la concurrence dans le groupe», déclarait Jacques Brunel cette semaine. Mais, tout cela est savamment pesé. Cela n’a rien à voir avec de la mauvaise alchimie. Au contraire. « Je suis un élève de Philippe Saint-André, je garde la même colonne vertébrale« , déclarait avec malice le sélectionneur azzurro.
Pour ceux qui en doutent encore, de la malice et de l’espoir, l’Italie en a à revendre. L’Italie, longtemps et encore mésestimée, rêve désormais de confirmer ses progrès et d’épingler un grand à l’extérieur. Comme une revanche sur des années d’errances et de combats douloureux. Une revanche et une conviction transalpine qui prennent leur source même dans les paroles de l’hymne vert-blanc-rouge «Fratelli d’italia » : « Nous avons été depuis des siècles/Piétinés, moqués / Parce que nous ne sommes pas un Peuple / Parce que nous sommes divisés / Que nous rassemble un Unique /Drapeau, un Espoir:/ De nous fondre ensemble / L’heure a déjà sonné / Serrons-nous en cohortes / Nous sommes prêts à la mort / Nous sommes prêts à la mort / L’Italie a appelé. ». Alors c’est aux bleus de répondre.
1+1 = ?Pour ne pas être la proie idéale, le XV de France n’a pas le choix comme l’avoue PSA : « Ils nous ont battus l’an dernier, à nous d’avoir de la mémoire. On vient de gagner l’Angleterre qui est une des quatre meilleures nations du monde. L’Italie est entre la huitième et la dixième. A nous de montrer qu’on est capable d’accélérer, de s’améliorer et de ne faire aucun complexe pour réaliser encore un match de grande qualité ».
Gagner ce deuxième match d’affilé signifierait beaucoup pour la France * : ce serait déjà le début d’une série victorieuse, ce qui n’est pas arrivé depuis quinze mois ; ce serait aussi et déjà un meilleur résultat comparativement au tournoi précédent ; cela dégagerait les quelques nuages encore présents au-dessus des têtes d’un staff et de joueurs qui rabâchent qu’ils travaillent encore et toujours mieux et que la chance doit finir par s’en mêler.
Gagner permettrait surtout de ne pas connaître le psychodrame habituel de l’inconstance à la française. Oui, gagner serait le meilleur moyen de se présenter confiant à la 3ème étape qui mène au Pays-De-Galles, double tenant du titre, dans deux semaines. Et pourquoi pas gagner serait la meilleure façon de voir l’avenir sous les meilleurs auspices dans ce tournoi. Sous un ciel bleu azur ? –S.L
* généralement, depuis les débuts du professionnalisme, le XV de France aime bien ces années qui précèdent le sommet mondial. Pour preuve, il y a quatre ans, la France avait réalisé le Grand Chelem. En 2006, elle terminait à nouveau 1ère avec une seule défaite concédée face à l’Ecosse. En 2002, encore un Grand Chelem pour nos bleus. Enfin en 1998, le Tournoi se jouait à 5 et la France avait à nouveau battu tout le monde.
Les équipes :
FRANCE : Dulin – Huget, Bastareaud, Fofana, Bonneval – (o) Plisson, (m) Doussain – Picamoles, Le Roux, Nyanga – Maestri, Papé – Mas, Szarzewski, Domingo
Remplaçants : Kayser, Forestier, Slimani, Vahaamahina, Chouly, Machenaud, Trinh-Duc, Fickou
ITALIE : McLean – Iannone, Campagnaro, Garcia, Sarto – (o) Allan, (m) Gori – Parisse (cap), Ma. Bergamasco, Minto – Furno, Geldenhuys – Castrogiovanni, Ghiraldini, De Marchi
Remplaçants : Giazzon, Rizzo Cittadni, Bortolami, Zanni, Bottes, Orquera, Esposito
PROGRAMME du XV de France
01/02/2014 : France 26 – 24 Angleterre (Stade de France)
09/02/2014 : France – Italie (Stade de France – 16h00)
21/02/2014 : Pays de Galles – France (Cardiff – 21h00)
08/03/2014 : Ecosse – France (Edimbourg – 18h00)
15/03/2014 : France – Irlande (Stade de France – 18h00)
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