#21 – Et dire que pendant ce temps, y en a qui regardent la Coupe du Monde… – #21

De près ou de très loin. Un autre regard de la compétition et du mois « brésilien » vous est proposé pendant la Coupe du monde de Football. Suivez la chronique « Et dire que pendant ce temps, y en a qui regardent la Coupe du Monde… ». Numéro 21.

« Le penchant hypocrite du corps, c’est de se soustraire à son propriétaire. Le sport est là qui le ramène » disait l’écrivain Jean Giraudoux.
Il aurait aussi pu écrire que le propriétaire du corps, au nom du sport ou de certains penchants mercantiles, sait aussi se soustraire à la morale ou ramener à lui tout ce qui lui fait obstacle.

En 2008, la Chine organisait les jeux olympiques. Officiellement, 27 milliards avaient été dépensés pour organiser un évènement qui devait marquer l’Histoire et le monde. Le monde justement dont une partie s’insurgeait contre le régime en place. En cause, le non-respect des droits de l’homme sous ses formes les plus absurdes : contrôle de l’information, prisonniers d’opinion, peine de mort, détention administrative, pratique de la torture, interdiction de syndicats libres et indépendants, expulsions forcées des citoyens de leur logement ou de leurs terres.

Mais la compétition devait avoir lieu. Coute que coute. Au-delà de l’opération de chirurgie esthétique subie par Pékin. L’Empire du milieu avait tout prévu. Y compris le contrôle du climat pour que ses jeux ne soient gâchés par des pluies contrariantes. 135 paysans « faiseurs de pluie » équipés de lance-roquettes avaient été mobilisés. Des collines à l’ouest de la ville, ces laboureurs du ciel devaient « percer » les nuages de pluie en envoyant des produits chimiques contenant de l’iodure d’argent. L’opinion s’en était émue.

un générateur anti-grêle disposé dans les vignes

In vino veritas. En France aussi, on « ensemence » les nuages. Les derniers caprices orageux ont révélé l’affaire au grand public. Pour protéger nos vignes, on utilise des générateurs à iodure d’argent. De Toulouse à Bordeaux, du Médoc à la Vallée du Rhône, on diffuse. Cette année, le sud de la Bourgogne a rejoint le mouvement. En 2012 et 2013, plus de 200 domaines avaient perdu 50% des récoltes selon la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne. Ivres de rage, les exploitants ont décidé d’intervenir. Le principe de l’ensemencement est d’inonder la zone cible de milliards de particules pour limiter la formation des grêlons. Les petits cailloux de glace seraient alors moins nombreux, beaucoup plus petits et feraient moins de dégâts. Moitié moins selon l’ANELFA, l’Association Nationale d’Etude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques, qui fournit ces diffuseurs en France. La solution chimique, répandue en faible quantité, ne présenterait « aucune toxicité » et des compositions « mille fois inférieures au seuil critique« . Toucher au climat (et à l’environnement) pour contrecarrer certains effets de son dérèglement. De quoi rester perplexe, non ? Tout ça pour éviter de prendre la grêle.

après les buts, la pluie, les supporters brésiliens rentrent, défaits.

Et dire que pendant ce temps, y en a qui regardent la Coupe du Monde… Il pleuvait aussi ce samedi à Brasilia. De l’eau, des buts. Et quoi que l’on puisse reprocher aux Brésiliens, on ne pourra les accuser d’avoir utilisé ces fameux boucliers chimiques. Après la correction historique (7-1) reçue, mardi dernier, face à l’Allemagne, les voici à nouveau défaits vertement (3-0) par les Pays-Bas. 10 buts encaissés en deux matchs. Pour la première fois, 2 défaites successives à domicile. Pas de finale, pas de 3ème place. Et pourtant… pas d’iodure d’argent. En voilà qui prennent la grêle avec élégance. – S.L

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