Miss, Aventurière, Animatrice, Entrepreneuse… Maud Garnier vit sa vie à fond. Pas étonnant de la retrouver engagée pour la 7ème fois sur le Rallye Aïcha des Gazelles . Equipage n°405, catégorie « 4X4 expert ». Au-delà des podiums et de Koh-Lanta, Maud Garnier sait donner de la voix et casser les clichés. Plus Que Du Sport vous emmène hors des sentiers battus. Entre confidences, et espérances. Un portrait, une esquisse, une gravure de Maud. Première partie de notre entretien avec une jeune femme attachante.
Bonjour Maud, tu es aujourd’hui entrepreneuse dans l’évènementiel (MG Events) mais tu es aussi connue pour tes participations à Koh-Lanta (en 2003 et 2012) et tu également été 6ème dauphine de Sonia Rolland ( Miss France 2000) ? Ton parcours est un peu hors-normes, non ?
Oui, j’ai un parcours très atypique. Jusqu’ici, la vie m’a toujours donné les moyens de faire des choses qui m’intéressaient. J’ai passé toute mon enfance à Nantes. Quand j’étais plus jeune, j’étais très timide Je n’étais pas très bien dans mes baskets vu que les garçons m’arrivaient à l’épaule. Quand un prof m’interrogeait, je rougissais. Et puis, quand j’ai eu 19, 20 ans je me suis rendu compte que j’avais des atouts et je me suis fait violence en participant à des sélections de miss. Jamais, je ne me serais imaginé en maillot de bain sur scène. Et paradoxalement, cela m’a apporté énormément de confiance.
Comment cela s’est déroulé ?
Naturellement. Après la fac d’anglais qui était très impersonnelle et ne me correspondait pas du tout, j’étais inscrite à l’école nantaise de commerce et pour payer mes études, comme beaucoup d’autres, je travaillais. Et les choses se sont enchainées : je me suis présenté à Miss Nantes, j’ai gagné, puis à Miss Loire-Atlantique, Miss Pays de Loire et j’ai fini par accéder à l’épreuve nationale pour me classer 6ème Dauphine de Sonia Rolland en 2000. Geneviève de Fontenay m‘avait même envoyé en Malaisie l’année d’après pour représenter la France dans un concours international où j’avais été couronnée Miss Beauty International. Et tout cela constitue de bons souvenirs parce que j’étais étudiante à cette époque et ces premiers pas sur scène m’ont permis de commencer ma carrière dans l’évènementiel finalement.
Tu as vraiment eu envie de devenir Miss France, de remporter ce concours ?
Honnêtement, j’ai été élue Miss Pays-de-Loire en 1999….oh là là, c’est horrible, la vieille (en riant)… et il faut savoir que je me suis présenté trois fois de suite à l’élection : j’avais déjà acquis ce tempérament de « gagner et ne jamais rien lâcher »… et du coup, oui, j’avais envie de gagner le titre de Miss France. Pas à n’importe quel prix mais…comme toute jeune fille qui se présente à cette élection. Dire le contraire serait hypocrite. Et puis 6ème Dauphine… J’étais contente de mon parcours, c’était vraiment une super expérience.
En tant que Nantaise, si l’on évoque les « canaris » ?
J’avouerais que je ne suis pas fan de foot mais en revanche les nantais sont très attachés à leurs sportifs…je me souviens tout de même de cette période où les canaris étaient au sommet, de Karembeu…
Tu faisais du sport quand tu étais petite ?
J’ai fait 4 ou 5 ans de danse classique mais comme j’ai deux pieds gauche je n’ai jamais réussi à être performante. Et j’étais déjà très très grande, très maigre, très raide et pas forcément jolie ni aussi élégante que les petites filles de mon âge. Je faisais déjà plus d’1m80. Plus tard, au collège, j’ai fait 5 ans de natation avec l’UNSS mais pour moi le sport a toujours été un plaisir. Adolescente, je n’avais pas le sens de la compétition.
Aujourd’hui le sport tu regardes à la télé, sur le net ou dans les stades ?
En fait dans ma vie, j’ai eu la chance de travailler sur de nombreux évènements sportifs. Par exemple, il y a quelques années, j’étais en tribune présidentielle à Roland-Garros, et j’ai adoré. J’ai vraiment découvert le tennis en travaillant là-bas. Par la suite, pendant plusieurs années, j’étais également sur le Tour de France….pourtant le cyclisme, ce n’est pas la discipline qui me parlait le plus… mais ce que j’aime dans le sport, c’est le rassemblement, le collectif. Et dans le cyclisme, au-delà de l’aspect individuel, ils courent en équipe et là aussi je me suis laissé prendre par le contact avec le public, l’ambiance. J’ai fait aussi des missions sur des grands prix moto, le Grand Prix de Macao alors que je n’y connaissais rien. En fin de compte, j’aime beaucoup l’ambiance sportive et les coulisses du sport, le contact entre le public et les athlètes et j’ai beaucoup d’admiration pour les sportifs quels qu’ils soient.
Comment arrives tu à Koh-Lanta par la suite ?
Et bien voilà, il y a deux choses : l’intérieur et l’extérieur. Il y a les Miss mais il y a aussi ce qui bouillonne à l’intérieur : l’aventure ! J’ai connu Survivor aux Etats-Unis en rendant visite à une partie de ma famille qui réside là-bas. Et je m’étais dit : « si cela arrive chez nous, je veux absolument le faire ! ». Pour moi, c’était le voyage, l’aventure, le défi…. Il n’y en avait pas chez nous hormis Fort Boyard mais le concept était différent. J’étais à New York le 11 septembre 2001 et compte tenu des évènements j’ai dû rentrer en France et je suis tombé sur l’annonce du type : « Koh-Lanta, l’aventure continue ». La première saison avait eu lieu en 2001 sans que je le sache. Et on n’était habitué à ce genre d’émission. J’ai tout de suite pensé que c’était pour moi et que je voulais le faire. Je rêvais vraiment de vivre cette aventure. Et même si j’assume totalement le fait d’avoir été Miss, -j’adore Geneviève de Fontenay pour laquelle je conserve beaucoup d’amitié-, le poids de l’image et les cases dans lesquelles on nous enferme me pesaient un peu trop. J’avais envie de casser cette image. Ce n’est pas parce que l’on est une Miss blonde d’un mètre quatre-vingt-trois que l’on n’est pas capable de relever des défis. Ça c’est typiquement français ! Et moi à partir du moment où j’ai vécu une expérience à fond, j’ai envie de passer à autre chose.
Tu as passé 36 jours sur 40 possibles dans ton 1er Koh-Lanta en 2002, puis, en 2012, tu échoues en finale lors de ta 2ème participation (la Revanche des héros) sur les célèbres poteaux de l’aventure …
(elle coupe) Oui, dix ans après je voulais faire mieux. Si j’y retourne aujourd’hui, je gagne (rires)
Tu t’étais préparé physiquement en 2002 ?
En 2002 pas du tout ! Mais je ne m’imaginais pas à quel point c’était physique. On ne connaissait pas bien l’émission à ce moment-là. Koh-Lanta 1 n’était même pas en prime-time et avait été présentée par Hubert Auriol (pilote auto et moto ), directeur de course du Dakar. Denis Brogniart lui n’était que la voix off ! La saison 2 est la première à passer en prime-time. Alors même en regardant la saison précédente, on s’attendait à ce que ce soit dur mais on n’avait pas du tout conscience du niveau réel de difficulté. Moi, je croyais que j’allais construire une cabane dans une forêt, que j’allais essayer de pêcher dans les rochers, mais c’était complètement naïf ! C’est vrai qu’à l’époque j’étais mince, je m’entretenais pour les Miss, j’avais 25 ans, je faisais un peu de mannequinat mais je n’avais pas un niveau physique exceptionnel pour engloutir un parcours du combattant sans être essoufflée.
Et en 2012, tu savais à quoi t’attendre alors ?
Oui mais en dix ans j’avais pris beaucoup de poids (rires). J’étais très loin du monde de l’apparence, j’étais dans le monde du voyage et du boulot. Mais je me suis dit : « Maud tu ne peux pas revenir et avoir 20 kilos de plus ». Et quand j’ai su qu’il y avait un casting en cours avec des anciens, je savais intuitivement que j’allais le refaire. Et j’ai rééquilibré mon alimentation, – je n’aime pas le mot régime-, j’ai été suivi par un nutritionniste et j’ai fait du sport avec un coach sportif. J’ai perdu 19 kilos en moins d’un an mais c’était beaucoup trop rapide. Je suis arrivée sur Koh-Lanta en me sentant pousser des ailes, en me trouvant plus performante que lors de ma première participation. Mais il faut aussi comparer aux autres aventuriers habitués à pratiquer du sport toute l’année, et, ce que j’avais fait subir à mon corps l’avait aussi fatigué préalablement. Et je suis arrivé affaibli sur une aventure où en plus on ne mange pas !
Rétrospectivement, ce diktat de l’image de la « belle nana » véhiculé par les médias et notre société qu’en penses-tu ?
Sincèrement, après les Miss, j’étais dans cette culture de l’image. Puis, suite à Koh-Lanta en 2002, l’aventure, prendre des risques, se lancer des défis, cela a vraiment résonné en moi. Et j’ai eu envie d’être aimé pour ce que je suis et non plus pour ce que je représente. Je n’en avais plus rien à faire de l’image physique. C’est peut-être pour cela qu’inconsciemment je me suis laissé aller. Évidemment quand j’ai perdu du poids pour mon retour, il y avait le souci de l’image mais c’était avant tout pour prendre soin de moi. Quad on reprend le sport et que l’on surveille son alimentation, c’est aussi pour soi. Et c’est très important.
A l’occasion de l ‘une de tes sessions avec ton coach tu as récemment publié sur les réseaux sociaux une photo de toi dans un container à ordures ? Tu t’entraînes souvent dans les poubelles ?
(Elle rit) C’est de l’auto dérision ! Depuis que j’ai monté ma boîte en 2012, j’ai changé de rythme et suis très sédentaire malgré le fait que j’organise des « Team Buildings » sportifs. Inévitablement, j’ai repris une dizaine de kilos. Le stress, être devant son pc de 7h à 21h… c’est ça le démarrage d’une société !!! Je n’ai plus le même rythme, ma vie est plus déséquilibrée. Alors j’ai à nouveau repris l’activité physique. Mais, c’est vraiment ingrat l’entrainement sportif, c’est dur et le secret c’est la régularité, c’est évident. Comme on s’entend très bien avec mon coach, pour désacraliser l’effort, à la fin de chaque entraînement, on a créé un concept « le coach m’a tué » et on finit toujours la séance par une photo dans cet esprit !
Un coach, c’est impératif d’en avoir un, tu ne pourrais faire sans ?
Oui, c’est assez incroyable. L’été dernier, je suis allé courir 5 kilomètres tous les 2 jours. J’ai fait ça pendant trois mois, j’ai réussi à tenir. J’ai un tempérament très volontaire, je fais plein de choses par moi-même, je suis allé à New York chercher du travail toute seule, je suis allé de l’autre côté du monde à Hong-Kong, je suis capable de traverser le désert avec une boussole sur un rallye, je peux lancer ma boîte seule sans partenaire ni associé… mais comme tout le monde, il y a des choses pour lesquelles j’ai besoin d’aide. Mentalement, c’est important d’avoir quelqu’un avec moi et cela me permet de ne pas faire n’importe quoi non plus. Je ne suis pas diplômé d’état, je n’ai pas de brevet sportif ! Mon coach me fait faire les bonnes choses, me connait, sait comment mon corps réagit, et ça, c’est très appréciable. J’adore ! C’est vrai que c’est un luxe. Là c’est sponsorisé via ma participation au Rallye des Gazelles, et pour Koh-Lanta, c’était aussi financé. Mais si j’en avais les moyens, je prendrai un coach à l’année. Pour moi, c’est génial d’avoir cet échange avec une personne qui sait aussi te pousser dans tes limites. J’ai testé les salles et les cours collectifs mais je préfère cet échange, où l’on est à la fois face à soi-même et accompagné par un spécialiste.
Les émissions de télé-réalités sont souvent brocardées mais très regardées. Koh-Lanta fait partie de ce registre ?
Pour moi, Koh-Lanta n’est pas une émission de télé-réalité ! C’est un jeu d’aventure. Extrême certes. On est filmé mais pas 24h/24h, on n’est pas enfermé dans une pièce… évidemment le jeu est un peu pervers parce que l’on doit s’éliminer les uns, les autres, mais le public n’intervient pas. Ce sont les participants qui votent en leur âme et conscience, qui font avancer le jeu. Il y a 16 aventuriers par saison, cette année cela va être la 17ème émission (12 éditions + 4 spéciales ont déjà eu lieu), si on fait le compte, il y a combien d’aventuriers « People » ? Nous sommes tous des gens normaux, nous avons un boulot, nous avons tous repris une vie normale…N’importe qui peut faire Koh-Lanta ! Ce n’est pas réservé aux bimbos ou à des gamins aux torses épilés !!!
Il y a tout de même une scénarisation et un casting ?
Honnêtement, tout ce que j’ai vu a toujours été très fidèle… cela reste de la télé avec un peu de marketing mais malgré tout j’insiste, les candidats sont des gens normaux. Lors du casting, les questions sont axées sur l’esprit d’équipe, la survie…ce sont des questions du type « Qu’est-ce qui vous manquerait le plus si vous étiez dans la jungle ? ». Alors oui, j’ai été prise en tant qu’ancienne miss et parce que je me suis vendue et démarquée pour intégrer l’aventure. Je m’étais dit qu’il fallait faire la différence par rapport aux centaines de candidatures… Je l’avais joué à fond en envoyant des photos de moi en maillot de bain léopard sur une plage en Turquie…(rires)
Ces 2 Koh-Lanta, ce serait refaire, tu les referais ?
Oui ! Je ne regrette rien ! Fin 2014, il y avait une autre édition avec les anciens… Mais en 2012, physiquement et psychologiquement, cela avait été très difficile. En même temps, c’est la règle du jeu. On sait que cela va être compliqué. Mais dès le début en 2012, mon équipe m’avait fait comprendre que je n’étais pas à la hauteur sur certaines épreuves, et ça, cela avait très dur à vivre pour moi. Et quand je suis sorti de cette « revanche des héros », je me suis dit « plus jamais ça ! » malgré le fait que j’adore cette émission. Alors la refaire une 3ème fois, ce n’est peut-être plus ma place…
@stephanlem
Retrouvez le Second Volet de l’entretien ICI.
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